La Méditerranée est la première destination touristique au monde en termes de tourisme national et international, avec plus de 300 millions d’arrivées de touristes internationaux, représentant 30 % de l’ensemble des touristes mondiaux en 2014. Les arrivées de touristes internationaux sont passées de 58 millions en 1970 à près de 314 millions en 2014, avec une prévision de 500 millions d’ici à 2030. Près de 50 % de ces arrivées ciblent les zones côtières (Figure 3.5).
En 2016, le tourisme a contribué à générer 333,2 milliards de dollars US dans les pays méditerranéens. Au cours des 20 dernières années, la contribution directe du tourisme au PIB de la région méditerranéenne a augmenté de 53 %. Le tourisme est un pilier essentiel des économies méditerranéennes, qui représente une source constante d’emploi (11,5 % du nombre total d’emplois en 2014) et de croissance économique (11,3 % du PIB de la région). Dans le bassin méditerranéen, le tourisme est vital pour de nombreux pays : si l’on compte uniquement l’économie des régions littorales, le tourisme représente plus de 70 % en termes de valeur de la production et de valeur ajoutée brute (Figure 3.17).
Le tourisme côtier en Méditerranée a bénéficié et contribué à la démocratisation de l’idéal des vacances. La région propose en effet des séjours de détente accessibles géographiquement et financièrement, via le modèle des 3S (« sea, sand and sun ») (Plan Bleu, 2017).
Les voyages organisés qui proposent des vols à bas prix, hébergement confortable et repas bon marché ont considérablement augmenté les flux touristiques en direction des côtes méditerranéennes. Au fil des années, le modèle des 3S a enrichi son catalogue pour offrir des services supplémentaires : terrains de golf, piscines, parcs d’attraction, etc. Les habitudes de voyage des touristes ont également évolué : là où auparavant les vacanciers passaient toutes leurs vacances dans un même lieu pendant une période plus longue, ils préfèrent aujourd’hui s’évader plus souvent dans l’année en effectuant des séjours plus courts. D’une manière générale, le rapport entre les bénéfices économiques, le plus souvent captés par de gros opérateurs internationaux, et les transformations sociales et environnementales qui en résultent localement reste problématique. Les populations locales se soucient de plus en plus de préserver leurs richesses naturelles, économiques et sociales des impacts négatifs qui peuvent résulter du développement d’installations touristiques.
Le tourisme côtier cristallise de nombreux problèmes associés au développement non maîtrisé des activités anthropiques. Voici une liste de problèmes identifiés :
- Urbanisation linéaire et côtière, consommant la ressource précieuse mais très limitée que sont les zones côtières ;
- Pollution de l’eau, production de déchets et rejet des déchets en mer ;
- Surconsommation de ressources naturelles limitées (eau, etc.), en particulier pendant la saison touristique (été) ;
- Dégradation des terres, perte de la biodiversité et altération de la valeur esthétique des paysages ;
- Émissions de gaz à effet de serre, dues à une mauvaise gestion énergétique et au manque d’efficacité ;
- Obsolescence du modèle des 3S, faible niveau de compétitivité, de résilience et d’innovation ;
- Génération d’emplois de mauvaise qualité (emplois saisonniers, à faible rémunération, non qualifiés, souvent à temps partiel, etc.) ;
- Fuites économiques, c’est-à-dire une répartition déséquilibrée des revenus du tourisme ;
- Manque d’intégration des besoins du tourisme durable dans la planification des autres secteurs.
Par ailleurs, la mer Méditerranée fait partie des régions de croisières les plus importantes au monde : la région a reçu 27 millions de passagers en 2013, un nombre en augmentation constante à raison d’environ 5 % par an. Les infrastructures de croisières sont établies sur la rive Nord : 75 % des ports de Méditerranée se situent en Italie, en Espagne, en France, en Grèce, en Croatie et en Slovénie, tandis que 9 % des ports sont en Turquie et à Chypre, et 7 % en Afrique du Nord (Plan Bleu, 2017).